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Aux espoirs accomplis : quand les racines familiales se confrontent aux épreuves de la vie

Photo du rédacteur: Marion BbkrMarion Bbkr


Il est des romans qui vous happent dès les premières lignes, vous enrobent dans une atmosphère si vivante que vous en sentez presque les parfums. Aux espoirs accomplis de Jéromine Dalmasso fait partie de ces récits lumineux, où la beauté brute du monde rural se mêle aux fragilités humaines. Dans ce premier roman, l’autrice nous livre une fresque familiale d’une justesse rare, où le poids du passé se conjugue à la reconstruction, où la mémoire se fait baume autant que blessure.



Une famille en quête de renouveau


Été 2014. Les Tosi traversent une période de turbulences : Jade, la cadette, est brisée par le harcèlement scolaire et s’enferme dans une phobie qui l’éloigne de l’école et du monde. Léa, l’aînée, peine à trouver sa place loin de ses racines, entre la passion de son métier d’enseignante et le déchirement de l’exil professionnel. Autour d’elles, les parents tentent de tenir bon, tandis que Maddy, la grand-mère, incarne à elle seule la force d’une génération attachée à la terre et à ses secrets. C’est dans cet équilibre fragile que se joue le drame : Maddy s’éteint à la fin de l’été, emportée par un cancer qu’elle avait choisi de taire, offrant à sa famille une dernière saison d’amour et de transmission.

Le récit alterne entre cet été-là et les dix années qui suivent, explorant comment un été de douleur et de lumière peut redessiner un destin. Car Aux espoirs accomplis n’est pas qu’un roman sur le deuil, c’est une ode à la résilience, à la nature comme refuge, à ces liens invisibles qui façonnent une famille au fil du temps.



Une écriture sensorielle et vibrante


Jéromine Dalmasso déploie une plume d’une grande finesse, à la fois évocatrice et immersive. Son écriture a cette puissance rare de faire naître les images avec une précision cinématographique :

"La vieille bastide en pierres sèches était plongée dans l’obscurité et le silence. Seuls les cris des oiseaux nocturnes de Provence pénétraient les murs massifs de la maison des Tosi. Les premières nuits printanières étaient arrivées accompagnées de l’odeur musquée, chaude et sensuelle des bourgeons qui éclosent."

On pense à la délicatesse de Chanson douce de Leïla Slimani dans l’art de capturer des instants suspendus, à la profondeur émotionnelle de Changer l’eau des fleurs de Valérie Perrin dans cette manière d’explorer le deuil et la reconstruction.

Mais Jéromine Dalmasso y ajoute une dimension terrestre, presque chamanique, où la nature devient personnage à part entière. Comme dans Là où chantent les écrevisses de Delia Owens, la terre est mémoire, témoin des tragédies et des renaissances. Ici, les champs de la famille Tosi ne sont pas seulement un décor, ils sont l’écho des évolutions intimes :

"Les barrières fabriquées pour séparer les cultures se transformaient en haies verdoyantes. Les fleurs et herbes indésirables depuis tant d’années se mirent à prendre place dans les vieux champs aseptisés. Ce n’est pas seulement une modification physique qui s’opéra, c’est toute la vie qui surgit au fil des ans."


Un roman qui résonne avec son époque


Loin de se limiter à une chronique familiale, Aux espoirs accomplis pose des questions brûlantes d’actualité : le harcèlement scolaire, l'impact du système éducatif et la question de la transmission, le lien à la terre dans une époque où tout s’accélère. Loin de tout misérabilisme, le roman offre des clés pour comprendre, guérir, avancer.

"Et si le harcèlement qu’elle avait vécu n’était pas un problème moderne ? Et si le rapport à l’autre avait toujours fait défaut à l’humanité ?"

À travers le parcours de Jade, qui trouve refuge dans la littérature pour panser ses blessures, on retrouve un hommage vibrant au pouvoir des mots :

"Elle passait ses semaines en compagnie de Victor Hugo, Baudelaire, Romain Gary, Émile Zola. Tous apportèrent, des années et des siècles après leurs écrits, des réponses et des soins aux maux intimes et universels de Jade."

C’est un roman qui s’adresse à ceux qui cherchent du sens, aux amoureux des récits humains, à ceux qui savent que les silences et les regards en disent parfois plus long que de longs discours.



Pourquoi lire Aux espoirs accomplis ?


Parce que l’on y trouve cette chaleur des romans qui laissent une empreinte durable. Parce que la Provence y vibre dans toute sa splendeur, entre cigales et silences lourds de sens. Parce que chaque personnage est un miroir dans lequel chacun peut se reconnaître : un parent en quête de repères, une sœur qui cherche sa place, une âme qui se reconstruit à travers les épreuves.

Et parce qu’un premier roman aussi abouti mérite d’être découvert !


Vous laisserez-vous porter par cet été inoubliable ?


📖 Aux espoirs accomplis, de Jéromine Dalmasso

 
 
 

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